François Hollande tente vainement de rassembler la gauche

Publié le par Christophe Dansette


Les présidentielles ne sont que dans un an et demi. Un papier fait pour le CFJ me permet cependant d'inaugurer la rubrique "politique" du blog. Ces quinze mois risquent d'être passionnant à tout point de vue. Le débat, lui, sera houleux. Peut-être mon blog sera-t-il un petit lieu de contributions, de discussions et de débats (pertinents je l'espère).

Lors de ses vœux télévisés, François Hollande a offert de bien curieuses étrennes aux  partis de gauche. En guise de bonne année, une proposition : leur assurer un groupe parlementaire s’ils se rallient à une candidature socialiste dès le premier tour de la présidentielle en 2007. Un contrat qui fait s’interroger la classe politique de gauche : les chances de rassembler la gauche paraissent vaines.



François Hollande veut se présenter comme rassembleur de la gauche, un an et demi avant les présidentielles. La correction du 21 avril 2002 est dans toutes les têtes. Le Parti socialiste (PS) cherche à éviter à tout prix la dispersion des voix à gauche. La solution est venue de Dominique Strauss-Kahn. On avait connu « l’Union de la  gauche » en 1981, la « gauche plurielle » en 1997. Cette année, on aura la « gauche durable ».  Une réunion essaiera de poser les bases d’un rassemblement de la gauche le 8 février. En principe.
Le secrétaire général du PS a  d’ailleurs déjà fait une proposition aux Verts, aux Radicaux de gauche (PRG) et au Mouvement républicain et citoyen (MRC) lors de ses vœux à la presse, le 15 janvier. Leur offrir un groupe parlementaire. Comment veut-il s’y prendre ? En leur proposant de gagner des circonscriptions lors des législatives de 2007. « La gauche durable, cela permet de conclure des accords électoraux. Le PS doit être prêt à des accords électoraux dès le premier tour », a-t-il déclaré.  Un cadeau qui ne se fait pas sans contrepartie. En échange, ces partis devront renoncer à présenter un candidat à l’élection présidentielle. « Cela leur permettrait d’avoir une autonomie à l’Assemblée nationale qu’ils n’avaient pas  jusqu’à présent », affirme-t-on au PS.  Son calcul est assez simple. En 2007. Noël Mamère pour les Verts avait obtenu 5,25% et Christiane Taubira, pour le PRG, 2,32%. Si ces suffrages étaient revenus au PS, la gauche aurait atteint plus de 23% des voix, soit assez pour accéder au second tour. Le maire de Tulle a d’ores et déjà devancé certaines questions : « Que vaut-il mieux pour eux : présenter un candidat à l’élection présidentielle en prenant le risque de faire perdre la gauche, ou avoir un groupe parlementaire, ce qui suppose aussi de faire gagner la gauche ? »

« Une fin de non-revoir »

Mais les concernés ne font pas la même analyse. D’une manière unanime, ils déclarent qu’il s’agit d’une « fausse proposition. » « C’est une forme de chantage que nous n’apprécions pas », déclare Sergio Corronado, le porte-parole des Verts. « Une pression qui vise à écraser ses partenaires ». Pour eux, « c’est une fin de non-recevoir. » En principe, leur candidat à l’élection présidentielle sera désigné le 30 mai à l’issue d’un vote de militants. « Je ne vois pas ce qui pourrait nous faire changer d’avis. Il faudrait avoir un vrai débat de fond et, pour l’instant, nous en sommes loin », indique de son côté Noël Mamère. La course à la présidentielle est donc en route chez les Verts. Les prétendants sont invités à se faire connaître avant le 15 février. Yves Contassot est le dernier d’une liste de sept à s’être porté candidat à la candidature. Dominique Voynet, Cécile Duflot, Yves Cochet, Jean Desessard sont eux aussi sur le rang.
Le MRC n’est pas très loin de présenter lui aussi un candidat à l’élection présidentielle. Ce n’est même pas sûr que ses représentants se rendront à la réunion du 8 février. « Cela dépend de l’attitude du PS. S’il est sur une ligne d’ouverture, alors nous nous y rendront », explique Patrick Trannoy, le porte-parole du mouvement. « Mais s’il est sur une ligne de repli et d’ostracisme – ce que je crains – alors cela ne servira à rien. Nous ne voulons pas débattre de la forme. Il faudrait peut-être débattre sur le fond avant. Tout accord électoral doit se faire sur des positions communes sur la mondialisation libérale. Nous en sommes loin. »
Le Parti communiste, qui n’était pas a priori visé par la proposition, puisqu’il dispose depuis toujours d’un groupe parlementaire à la fois au Sénat, et à l’Assemblée nationale dénonce lui aussi « cette manière de faire de la politique. » Il se dit prêt en revanche à se rendre à la réunion du 8 février, si « on y va sur des bases de négociations de programme pour trouver une vraie alternative à la droite. Il n’est pas question de se répartir des ministères. »
Tous reprochent à François Hollande d’instrumentaliser le 21 avril. « C’est de bonne guerre. Je le comprends, mais il se trompe », commente Noël Mamère directement visé par M.Hollande.  « S’il craint le 21 avril, qu’il s’arrange pour que le prochain candidat n’ait pas la même orientation libérale que Lionel Jospin », rapporte M. Trannoy. Beaucoup plus direct, M. Corronado explique que si « M. Jospin a perdu, ce n’est pas à cause des autres candidats, c’est parce qu’il n’a pas fait une bonne campagne électorale et qu’il n’avait pas de projet de société. M. Hollande n’a tiré aucun enseignement de 2002 ».

Publié dans Politique

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