La guerre des clics n’aura pas lieu

Publié le par Christophe Dansette

« Ségolène Royal », « désir d’avenir », « démocratie », « sécurité »… à chaque fois, ces mots clés, tapés sur un moteur de recherche, renvoient au site Internet de l’UMP à travers les liens commerciaux. Jamais sur des sites proches de Ségolène Royal. Pourquoi la candidate socialiste n’investit-elle pas dans l’achat de mots clés ?

10000 euros par mois d’investissement pour 1000 nouveaux adhérents par jour. C’est le pari de l’UMP dans l’achat de mots clés sur les moteurs de recherche. Le principe : pour toute recherche sur Google d’un mot clé associé, un lien vers le site du parti apparaît. Chaque fois qu’un internaute clic dessus, l’UMP paye. Un investissement qui, si l’on croit ces chiffres donnés par le responsable de la stratégie Internet de l’UMP, Thierry Solère, vaut le coup.
Au sein du Parti socialiste, en revanche, on ne croit pas à l’efficacité de cette stratégie. Et un haut responsable du parti se félicite de rattraper l’UMP en terme de nombre d’adhérents même sans l’achat de mots clés. Il est vrai qu’Internet, de manière générale ne fait pas l’unanimité dans ce camps. La campagne d'adhésion sur Internet lancée fin mars ne fut  pas du goût de tout le monde. Pour ses détracteurs, elle remettait en cause l'esprit militant traditionnel et une certaine forme d'engagement politique au sein d'une section locale. Jean-Luc Mélenchon l'a ainsi qualifié d'« adhésion socialiste en solde » sur son blog. Récemment, Bruno Leroux, député de Seine-Saint-Denis, disait « ne pas connaître le site Désir d’avenir, qui se veut pourtant être le lien officiel entre Ségolène Royal et les citoyens.
De manière encore plus affirmée, les pratiques commerciales sont très mal vues du côté de la gauche. Et dans l’entourage de Ségolène Royal, on ne s’en cache pas. « Nous, on ne joue pas dans ce ressort-là », confie l’une de ses proches. Dans la même lignée,Yves Cochet, député vert et observateur de la campagne, voit Ségolène comme une « vierge » qui y perdrait beaucoup à participer à la guerre des clics. « Elle se situe au-dessus : c’est la lumière alors que les autres, c’est la face obscure », explique-t-il. Or, « les pratiques commerciales se situent dans le monde d’ici-bas dont elle ne fait pas parti ».
Peut-être. Mais, 10000 euros par mois, c’est un investissement conséquent. Bruno Leroux avance une explication tout aussi plausible dans une phrase qui lui échappe. « Ils ont plus d’argent que nous », chuchote-t-il en parlant de ses adversaires. Il se rattrape aussitôt en affirmant : « Ségolène n’a pas besoin de faire ça. Elle n’a pas de problème de couverture aujourd’hui. »
Des analyses qui font rire Thierry Solère pour qui « le parti socialiste est tout simplement encore vieillot. »  De toute manière, la guerrre des clics devra s’arrêter à la fin de l’année. Le Forum du droit sur Internet (FDI) et la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) demandent aux partis de ne plus recourir à la publicité à partir du 1er janvier 2007 et pendant toute la durée de la campagne électorale. Les liens sponsorisés étant assimilés à de la publicité, la question sera tranchée par les règles de droit.

Publié dans Politique

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